dimanche 22 mars 2009

Paul Deschanel


Cette homme a laissé dans l'histoire de France le souvenir d'un Président n'ayant pas toute sa tête à cause notamment d'une mésaventure, certes pas ordinaire du tout, mais qui peu s'expliquer autrement que par la folie.
Paul Deschanel est né le 13 février 1855 à Bruxelles. Progressiste, fils d'un exilé qui avait participé à la révolution de 1848, Deschanel mène une vie politique exemplaire: sous-préfet à 22 ans puis député d'Eure-et-Loir jusqu'en 1919, il est aussi Président de l'Assemblée Nationale de 1898 à 1902 et de 1912 à 1920 pendant les heures tragiques de la 1ère Guerre Mondiale. Le 18 janvier 1920, il est élu Président de la République contre Clémenceau. Très vite, son attitude, notamment lors d'un voyage officiel à Bordeaux en mars 1920, surprend, intrigue, dérange. Il prononce deux fois le même discours, prend un bain de foule non prévu par le protocole, porte une affection débordante pour une "gueule cassée" venue l'accueillir... Cette attitude peut s'expliquer par ses désillusions de Président de la République et par le surmenage, la fatigue. A l'époque, le Président n'a que très peu de pouvoir. C'est le Président du Conseil qui décide: il n'a qu'un rôle essentiellement honorifique.
Cependant, l'événement qui va rester injustement dans l'histoire se déroule le 23 mai 1920. Le Président prend le train à Paris, gare de Lyon pour Montbrison où se déroule l'inauguration d'un monument à la mémoire d'un sénateur mort à la guerre. Malade, éprouvant une sensation d'étouffement, vers 23h15, il se penche à la fenêtre de son compartiment et bascule hors du train à Mignette, près de Montargis. Heureusement, le train ne roule qu'à 50 km/h et il ne souffre que de très légères blessures. Cependant, il est en pyjama, ensanglanté et est relativement hébété (il y a de quoi). Un cheminot, qui le prend pour un ivrogne (il se dit Président de la République) le conduit chez un garde-barrière et sa femme, qui avertissent immédiatement les autorités. Ils sont surpris par la dignité de cet homme habillé d'un simple pyjama. La femme déclarera plus tard: « J'avais bien vu que c'était un monsieur : il avait les pieds propres! ». Avant l'arrivée du train en gare de Roanne, vers 7h du matin, on s'aperçoit que le Président n'est plus dans son wagon. Sur le quai de la gare,la suite présidentielle, reçoit vite des nouvelles de l'incident.
Par la suite, il reprend tout de suite ses activités. Cette chute s'expliquerait par la somme de plusieurs facteurs: une sorte de somnambulisme, la chaleur dans le wagon, les médicaments, etc... Mais la rumeur s'amplifie de jour en jour. Les chansonniers s'en donnent à cœur joie et très vite Paul Deschanel devient le Président "fou". A présent, les bruits les plus fous circulent: il aurait signé "Napoléon", "Vercingétorix" sur certains documents, il aurait reçu une délégation diplomatique entièrement nu. Mais tout cela relève sûrement de la calomnie politique menée en partie par Clémenceau qui avait été battu lors de l'élection. Le 21 septembre 1920, fatigué, épuisé par tout ça, il donne sa démission. Elu sénateur d'Eure-et-Loir en 1921, il meurt le 28 avril 1922.

Citons ce grand homme, farouche opposant à la peine de mort:
"J'ai toujours été partisan de l'abolition de la peine de mort par un argument qui, à mon sens, renverse tous les arguments en sens contraire - l'argument de l'erreur.
Il suffit qu'au cours des siècles, un seul homme ait été injustement condamné à la peine capitale, pour que la peine capitale doive disparaître.
Nous avons tous ressenti les tortures de cette mère dont l'enfant a été souillée et tuée par un monstre. Il n'est pas de supplice plus atroce. Mais songez aussi, d'autre part, au martyre de ceux dont le père, dont le fils, dont l'époux a été injustement condamné. Relisez l'histoire des erreurs judiciaires."


Ci-dessous, la voiture de Paul Deschanel