lundi 16 avril 2007

L'éventreur du Yorkshire (suite 8)

Après 5 ans de terreur, les femmes exprimèrent leur mécontentement en manifestant dans la rue. La population était exaspérée par l’impuissance de la police à trouver le meurtrier. Mais la police, bien qu’en partie responsable de cette lenteur, n’est pas la seule à blâmer. En effet, l'auteur du canular de l’enveloppe contenant une cassette audio a conduit la police sur une fausse piste. Au lieu de s’attarder sur des pistes sérieuses, la police mit tout en œuvre pour retrouver l’auteur de la cassette. 3 meurtres s’en suivirent.

Le 2 janvier 1981, pendant leur ronde de nuit, dans le quartier des prostituées à Sheffield, le sergent Robert Ring et le policier Robert Hydes, virent Olivia Reivers monter dans une Rover V8 3500. Ils hésitèrent à intervenir pour racolage. Le chauffeur était trapu et barbu et déclara se prénommer Peter Williams. Il descendit précipitammant et demanda à satisfaire un besoin pressant. Il en profita pour se débarrasser d’un marteau à pannes rondes et d’un couteau qu’il cachait sou son manteau. Ring et Hydes remarquèrent que ses plaques d’immatriculation étaient fausses et maquillées. Ils l’embarquèrent alors au poste d’Hammerton road pour l’interroger. Il s’agit en fait de Peter William Sutcliffe.
Calme et disposé à parler, Peter Sutcliffe prétexte une nouvelle fois un besoin pressant pour cacher un autre marteau dans la chasse d’eau. Il admit qu’il avait volé les plaques. Ayant été pris en compagnie d’une prostituée, la police informa les inspecteurs chargés de l’enquête sur l’éventreur. Il fut gardé à vue la nuit et transféré au commissariat de Dewsbury le lendemain.
Lors de son interrogatoire, il dit être routier et effectuer fréquemment le trajet vers le nord-est. Il dit aussi avoir été plusieurs fois interrogé à propos du billet de 5 livres et de ses fréquentes visites dans le quartier chaud de Bradford. La police de Dewsbury téléphona alors à Leeds et le brigadier O’Boyle n’hésita pas à rejoindre Dewsbury.
A 18h, O’Boyle prévint son supérieur, John Boyle qui rejoint aussi Dewsbury. Peter Sutcliffe passa une nouvelle nuit au poste.
Robert Ring, lui, se rendit à Melbourne avenue où il découvrit le marteau à pannes rondes et le couteau.
Le brigadier Peter Smith, un des premiers sur l’affaire, se rendit avec Boyle chez Sutcliffe. Ils interrogèrent sa femme Sonia pendant qu’on fouillait sa maison.
Toute la matinée du dimanche, Boyle interrogea Sutcliffe à propos de chose diverses sans aborder les meurtres. Puis, en début d’après-midi, il parla du marteau et du couteau. Sutcliffe ne dit rien jusqu’à ce que Boyle dise : « Je crois que vous allez avoir des ennuis, de sérieux ennuis. » A quoi Peter répondit : « Je crois que vous avez trouvé l’éventreur du Yorkshire. »
Il reconnut avoir tué onze femmes, mais pas Joan Harrison et il nia être l’auteur de la cassette audio. Il fallut un jour et demi à Boyle et Smith pour recueillir la confession de Sutcliffe. Quant à sa motivation à tuer : tout avait commencé en 1969 lorsqu’une prostituée l’avait escroqué de dix livres. Il n’avait pas eu de rapports avec elle, mais elle l’avait quand même roulé : « Je me sentais offensé, humilié et embarrassé. Une haine m’envahit pour les filles de son espèce. »

Avant même la mise en accusation, l’avocat de la couronne, celui de la défense ainsi que le procureur général étaient tombés d’accord : il serait interné pour schizophrénie paranoïde. Mais le juge Boreham en décida autrement et le procès aurait bien lieu. Peter plaida l’irresponsabilité. Lors du procès, il se montra calme et posé et proclama qu’il avait suivi les injonctions de Dieu.
Le 22 mai 1981, il fut déclaré coupable de 13 meurtres et de 7 agressions et condamné à la prison à vie, assortie d’une peine de sûreté de 30 ans. Il fut incarcéré dans la prison de Parkhurst, sur l’île de Wight.
En janvier 1983, il est agressé par un détenu. On lui fit 84 points de suture.


En mars 1984, il est transféré à l’Hôpital psychiatrique de Broadmoore, Somerset House dans le Berkshire. Son état mental s’est détérioré et il est souvent totalement incohérent.